Le goût des merveilles

Il n’est pas bien loin le temps de la cueillette des salades sauvages. Le mois dernier, mon panier avait accueilli un petit mesclun printanier. Quelques échantillons de verdure glanés sur des terres en friche. Parmi eux, la barbe de bouc. Ses feuilles et sa racine font le régal du saladier, mais pas que . . .

Depuis, les jours et les semaines ont passé, la rosette a monté et cette plante n’a pas fini de dévoiler ses atouts secrets. L’éclosion de la fleur m’a échappé. Mais je sais qu’un jour, le salsifis des prés honore la dernière séance. Dans un ultime élan de délicatesse, il déploie ses somptueux akènes. Tel un paon en parade nuptiale, il fait la roue offrant ses graines aux rafales du vent qui viendront un jour les emporter.

A cet instant, je me dis que dans la vie, il faut avoir plusieurs objectifs.  Il en est un qui me suit depuis l’enfance.  C’est celui de rassasier mon goût des merveilles le long des sentiers. Mais depuis j’en ai acquis d’autres. Le dernier est un macro 105 mm. Je l’ai fourré un soir au coeur de ce plumeau d’akènes, et j’y ai vu d’esquises exquisses, autant dire des merveilles . . .